En novembre 2009 la
Commission européenne
mettait une nouvelle fois en
demeure la France concernant la
mise en application de la
directive de 1991, dite
« directive nitrates ».
Sommé de revoir sa copie
quant à la cohérence
territoriale des programmes
d'action contre la pollution de
l'eau par les nitrates, l'Etat
français continue de jouer
au chat et à la souris, et
ainsi de contourner ses
obligations. Preuve en sont les
deux projets de décret et
d'arrêtés, soumis
à consultation jusqu'au 24
juin, qui visent à
répondre aux griefs de l'UE.
La Bretagne est bien entendu en
première ligne et subit
déjà les
conséquences du laxisme
gouvernemental en matière
de qualité de l'eau.
Alors que nous
propose aujourd'hui l'Etat ?
L'UE a mis en garde la France
concernant la
sous-évaluation des rejets
azotés des animaux, et plus
particulièrement des vaches
laitières. Le décret
propose donc un relèvement
des normes de production d'azote
pour les bovins. Si cela semble
cohérent, la proposition
est des plus arbitraire et
défavorise fortement
l'élevage à l'herbe,
au point de compromettre
d'éventuelles conversions
vers cette méthode de
production, conditionnelle
à la perception d'aides
agri-environnementales (MAE).
Autre
mesure. Aujourd'hui,
le texte en vigueur permet
à un agriculteur
d'épandre
170
kg d'azote organique par an et
par hectare de surface agricole
utile
« déduction
faite des surfaces où
l'épandage est
interdit ». Les
surfaces où
l'épandage est interdit
(proximité des habitations, des
cours d'eau, etc.)
représentent 25
à 30 % de la SAU. Le
décret proposé
supprime cette dernière
mention.
Autrement dit, sans
augmenter le plafond mais en
augmentant la surface de
référence, le
décret va permettre
insidieusement d'augmenter
d'environ 25 % la
quantité d'azote
organique sur les surfaces
épandables.
Il semble donc que
l'Etat privilégie
l'élevage intensif. Ces
propositions de décret et
d'arrêtés,
après le décret de
janvier 2011 relatif au
« regroupement et
à la
modernisation » des
élevages, issu de
l'amendement Le Fur, sont-elles en
capacité de juguler les
conséquences des
excès de production
animales dans nos rivières
et notre littoral ? Qu'il nous
soit permis d'en douter !
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